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Faire la différence entre audit interne et audit externe

jfcaron

Comment faire la différence entre audit interne et audit externe ? Quels sont les enjeux pour les auditeurs internes et externes ? Des réponses dans cet article ci-dessous.

comment faire la différence entre audit interne et audit externe


L’audit a la particularité d’être exercé en interne comme en externe du point de vue d’une organisation. Peu de métier présente cette caractéristique. Pour autant dualité ne signifie pas schizophrénie. L’audit interne et l’audit externe sont individualisables puisque leurs champs d’intervention diffèrent. Certes, ils emploient des techniques similaires, mais celles-ci concernent des objets distincts. L’audit externe a pour mission de donner une assurance raisonnable sur la qualité des comptes annuels. Ils rapportent le résultat de ses investigations aux propriétaires de l’entreprise ainsi qu’au public. Il s’agit pour lui de certifier, ou pas, que le bilan, le compte de résultat, l’annexe, présentent ensembles une image fidèle, sincère, régulière de la situation patrimoniale et du résultat de l’entreprise. L’audit interne, quant à lui, livre également des conclusions sous le prisme d’une assurance raisonnable. Mais contrairement aux commissaires aux comptes, les résultats de ses travaux ne sont pas publiés. Les auditeurs internes s’adressent exclusivement aux mandataires sociaux, plus particulièrement à la présidence de l’organe délibérant. Tout au plus sont-ils obligés de communiquer leurs rapports à une autorité de contrôle, comme c’est le cas dans le secteur bancaire avec l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR). Mais au-delà des modalités de communication, l’audit interne se différencie du commissariat aux comptes par le fait d’intervenir  sur l’ensemble des activités et des métiers de l’organisation, avec pour objectif de s’assurer de la conformité des opérations réalisées et de la qualité des dispositifs de maîtrise des risques. Toutes les fonctions de l’entreprise sont ainsi concernées par les interventions de l’audit interne, aucune n’est censée s’y soustraire…

 

Les métiers de commissariat aux comptes et d’audit interne présentent des similitudes, ce qui implique une complémentarité entre les deux professions, mais également le risque de confusion; d'où la nécessité de faire la différence entre audit interne et audit externe. Les relations entre audit externe et interne doivent ainsi être organisées de façon à ce que le travail de chacun soit parfaitement identifiable. Mais il est également nécessaire que chacun puisse se nourrir des diligences menées par l’un et l’autre. Ceci est d’ailleurs un impératif pour le commissaire aux comptes car n’appartenant pas à l’organisation auditée, il est exposé à une asymétrie d’informations entre son client et lui-même plus forte que celle possible entre l’audit interne et son employeur. Cet état de fait ne réduit pas pour autant la responsabilité de l’auditeur externe. Celui-ci se prononce sur la véracité des comptes annuels, ce qui n’est pas rien ! Le commissaire aux comptes doit donc disposer de relais d’informations au sein de l’organisation pour mener à bien ses travaux dans des conditions acceptables eu égard la responsabilité qui est la sienne.

 

Le commissaire aux comptes doit savoir s’appuyer sur l’audit interne qui est certainement le mieux placé dans l’entreprise pour exercer cette collaboration, ceci pour trois raisons. La première tient à la proximité des métiers d’audit externe et interne qui réduit les biais de communication. On peut dire simplement que l’audit interne et le commissaire aux comptes sont faits pour s’entendre et se comprendre. Ensuite, grâce à l’étendue de ses missions, l’audit interne est la fonction dans l’entreprise disposant le plus d’une vision transverse des process employés par les différents métiers. Sachant que les comptes annuels sont une agrégation des écritures comptables enregistrées tout au long de l’année, lesquelles écritures reflètent économiquement les opérations générées par les process, l’auditeur interne avec ses travaux connaît l’origine opérationnelle des postes du bilan et du compte de résultat contrôlés par le commissaire aux comptes. En d’autres termes, les interventions de l’audit interne en amont des opérations comptables intéressent forcément le commissaire aux comptes qui lui est investi en aval de ces mêmes opérations. Enfin, la troisième raison justifiant que l’auditeur interne soit l’interlocuteur idoine pour le commissaire aux comptes relève de son indépendance au sein de l’entreprise. L’audit externe a besoin nous l’avons-dit d’obtenir de l’information. Mais encore faut-il que celle-ci soit de qualité. L’indépendance de l’auditeur interne eu égard son positionnement hiérarchique et ses obligations déontologiques est de nature à garantir cette qualité.

 

La relation entre l’audit interne et le commissaire aux comptes, si elle repose sur des principes de transparence équilibrée, permet la transmission réciproque d’informations. L’auditeur interne doit en effet pouvoir compter sur l’auditeur externe pour connaître les problématiques comptables en cours et les éventuels points d’achoppement avec la Direction financière. Cependant, les principes ne suffisent pas à entretenir une relation de qualité, les actes sont nécessaires. Sur ce point, la communication des rapports d’audit interne au commissaire aux comptes participe de cette qualité, tout comme les entretiens à fréquence régulière entre les deux métiers, notamment lors des arrêtés et clôtures comptables. En outre, même si les missions de l’un et de l’autre sont différentes, rien n’empêche à ce qu’elles soient complémentaires. L’audit interne peut ainsi examiner une fois par an les dispositifs de couverture du risque opérationnel ayant trait aux activités comptables. Même si initialement elles ne lui sont pas adressées, les conclusions sur ce type de mission intéresseront au premier chef le commissaire aux comptes. Il disposera alors d’une évaluation indépendante sur la qualité des process à la source des états de synthèse. L’audit interne, quant à lui, profite des travaux de commissariat aux comptes en élargissant sa connaissance des risques sous l’angle financier. Il peut également orienter ses tests lors de missions futures sur base des sondages menés par l’auditeur externe, notamment pour éviter les doublons qui à raison exaspèrent les audités. Enfin, les conclusions des commissaires aux comptes sont utiles pour la planification des missions d’audit interne.

 

La séparation des rôles et des tâches entre l’audit interne et le commissaire aux comptes est indispensable, qui plus est obligatoire. Il en va de l’indépendance des auditeurs, donc de leur crédibilité, qu’ils soient internes ou externes. Bien-sûr il ne s’agit pas d’édifier dans l’entreprise une « muraille de Chine » entre les deux métiers. Trop de distance nuit à la qualité et à l’efficacité des travaux d’audit dans leur globalité. Il n’est pas question non plus de favoriser une trop forte proximité car celle-ci finirait par épuiser l’objectivité dont chacun doit faire preuve. L’audit interne et le commissaire aux comptes se doivent donc d’être à la fois proches et distants. 

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