Comment détecter des comportements frauduleux ? Quels sont les enjeux pour les managers de risques et les auditeurs ? Des réponses dans cet article ci-dessous.

Les signaux d'alerte en termes de fraude
En matière de fraude, les normes professionnelles pour la pratique de l’audit interne stipulent que tout auditeur doit disposer d’un niveau de connaissances suffisant pour identifier le cas échéant des indices de fraude lors de la réalisation de ses missions. Le référentiel normatif n’exige donc pax des auditeurs internes qu’ils soient des experts pour détecter les manipulations frauduleuses. Ceux-ci ne sont pas non plus assujettis à une obligation de résultat dans ce domaine. Cependant, les auditeurs doivent être sensibles au sujet et toujours avoir à l’esprit, dans toute mission, qu’une défaillance importante du système de contrôle interne facilite les entreprises frauduleuses. Ce type d’insuffisance relevée dans la couverture des risques appartient d’ailleurs aux indices de fraude courants obligeant l’audit interne à réagir en conséquence. D’ailleurs, d’autres signaux d’alerte nécessitent des auditeurs une action face à un soupçon, comme une évolution chiffrée non expliquée, des accès physiques aux matériels et logiques concernant le système d’informations non sécurisés, l’absence de congés pris par un collaborateur, l’apurement de suspens comptables sans suivi ni autorisation, la concentration de pouvoirs dans une même main, lorsqu’une seule et même personne est chargée de passer commande pour le compte de l’organisation, de comptabiliser l’engagement de payer, de réaliser le paiement pour enfin avoir la responsabilité de contrôler tout ce qu’elle a réalisé !
Comment détecter des comportements frauduleux
Les indices de fraude ne sont pas uniquement matériels ou organisationnels. Le comportement d’un collaborateur en dit tout autant, si ce n’est plus, que les messages oraux. On connaît tous l’importance de la communication non verbale dans toute relation humaine. La fraude n’échappe à la règle. Dans certaines situations, lors d’un entretien ou d’un interrogatoire mené par l’audit interne par exemple, l’attitude du collaborateur interrogé peut constituer un signal d’alerte. Les comportements suspects sont principalement les suivants :
l’agitation : la personne auditée ne tient pas en place, ne cesse de bouger ;
la posture en arrière : le collaborateur questionné se tient en arrière pour créer de la distance entre lui-même et son interlocuteur et censée le protéger. L’absence de tout contact visuel est également symptomatique d’une personne cherchant à fuir ;
l’attitude inappropriée : le salarié fait preuve d’exagération dans son comportement, en montrant par exemple des signes excessifs de gentillesse vis-à-vis de l’auditeur, ou alors en manifestant une virulence dépassant toute mesure requise dans ce genre d’entretien ;
l’anxiété : les soupirs, la transpiration, les frottements de mains ou du visage, les débits de parole hachés, sont révélateurs d’un degré d’anxiété élevé chez la personne interrogée trahissant un secret ;
les changements de réponses : les modifications intempestives ou les variations de version dans les réponses aux questions posées par les auditeurs caractérisent un comportement atypique potentiellement révélateur d’une action frauduleuse.
Les signaux alertent mais ne préjugent de rien
Les relations humaines ne sont pas une science exacte. Aucun comportement ne qualifie absolument les intentions de son auteur, et c’est tant mieux. En effet, si tel était le cas, nous serions totalement déterminés comme le sont les machines. Ainsi, il ne suffit pas qu’une personne interrogée s’agite, se tienne en arrière, marque des attentions disproportionnées vis-à-vis de son interlocuteur, soit anxieuse ou encore réponde plusieurs fois différemment à la même question posée, pour être définitivement reconnue comme fraudeur ! Comme dit précédemment, la communication non verbale peut être source de signaux d’alerte, mais comme tout indice, elle ne représente pas une preuve en soi. C’est à l’auditeur de décider de la suite à donner en cas de soupçon, à savoir s’il y a lieu d’investiguer ou pas, d’informer immédiatement ou après enquête la gouvernance de l’organisation, de recourir à un prestataire spécialisé dans les affaires de fraude. Un signal alerte mais ne préjuge de rien.